J’ai supprimé les réseaux sociaux de mon téléphone et… tout s’est bien passé !
Adolescent de la génération X, j’ai pris conscience de la place importante qu’avaient le téléphone et les réseaux sociaux dans ma vie.
Supprimer les réseaux sociaux, je ne l’ai pas fait du jour au lendemain sur un coup de tête. Depuis un an maintenant, je questionne la place des réseaux sociaux. Je ne postais plus rien depuis longtemps mais mon utilisation journalière était la même. En avril 2021, j’ai supprimé les notifications, d’abord des applications “inutiles” puis Instagram, Snapchat, Twitter et Tiktok.Puis il y a un mois, avec ma meilleure amie, on s’est imposées 10 minutes de réseaux par jour, avec un code que l’on avait chacune sur le téléphone de l’autre. S’il y avait quelque chose d’urgent à y faire et qu’on avait déjà atteint la limite, on s’était créé un mot d’urgence pour que l’autre communique le code. Et on n’a jamais eu à l’utiliser d’ailleurs. Enfin, le 28 novembre, je les ai supprimés et… tout s’est bien passé, enfin presque.
Quelques heures après avoir effacé les réseaux sociaux, j’ai été confronté à une espèce de symptôme de manque. Une forme d’angoisse et d’anxiété générée par cette “déconnexion”, le sentiment d’oublier quelque chose, que certaines informations essentielles m’échappent : c’est le syndrome de manque. Il m’est arrivé d’ouvrir mon téléphone (sans réseaux sociaux à l’intérieur), machinalement, à la recherche de cette chose qui me manquait.
L’addiction au téléphone existe, au même titre que celle à la drogue, l’alcool, la cigarette etc. Les réseaux sociaux et ses fameux “algorithmes” sont conçus pour nous y faire passer le plus de temps possible. Vous avez sûrement déjà entendu que les réseaux sociaux utilisent ce même “système de récompense”, qui fait sécréter de la dopamine (l’hormone du plaisir), nous poussant à les utiliser et à les réutiliser. C’est cette force mystérieuse qui nous pousse à ouvrir compulsivement notre téléphone, parfois dans les 10 minutes qui suivent le réveil. Rassurez-vous, comme toutes dépendances, on peut en guérir, et celle-ci ne nécessite aucune prise en charge médicale ! La dépendance aux réseaux sociaux n’est que psychologique, à la différence de l’addiction à la drogue ou à la cigarette qui est à la fois psychologique et physique. La dépendance physique, c’est lorsque l’organisme s’est habitué à une substance au point d’en avoir besoin pour fonctionner. Le fumeur qui arrête de fumer pourra se sentir irrité, stressé : c’est en fait le corps qui réagit. On appelle ça le sevrage.
La dépendance physique n’existant pas avec les réseaux sociaux : le syndrôme de manque est semblable mais il est bien plus facile à surmonter que celui d’un fumeur ou d’un alcoolique, bien heureusement. Ce “mini sevrage mental” ne m’a duré que 2 jours, pendant lesquels je ne me suis pas roulé en boule dans ma chambre.
Et alors, qu’ai-je manqué pendant tout ce temps ? Pas grand chose : même contenu, mêmes stories éphémères, mêmes informations. Rien n’a changé. J’ai supprimé les réseaux sociaux et… tout s’est bien passé.
“Et t’as pas d’ami.e.s ?”, certains me diront. Si j’en ai. “Et comment tu leur parles, tu te tiens au courant ?”. Je les appelle et on se voit, c’est aussi simple que ça ! Je n’ai pas eu moins d’amis en quittant les réseaux sociaux. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que le réseau social est une extension du lien social/amical, non une base essentielle à son bon fonctionnement. Et je suis presque sûre que vos amitiés se sont créées et se perpétuent dans la vraie vie non ? Alors pas de raison d’avoir peur de se sentir seul !
Effectivement, il semble plus difficile d’arrêter d’utiliser les réseaux sociaux lorsque l’on parle quotidiennement à des personnes dessus. En ce qui me concerne, ce n’était plus le cas depuis un moment. Si c’est votre cas, je vous invite à questionner l’utilité de ces conversations bien qu’elles soient, sans aucun doute, absolument inoffensives ou amusantes. Le fait que cette question revienne régulièrement confirme qu’inconsciemment la peur de la solitude est un des besoins que remplissent les réseaux “sociaux” en l’être humain: n’ayez pas peur de la solidité de vos rapports avec les gens (par extension: la société), vos amis resteront vos amis et vous ferez toujours autant de rencontres.
Mais alors, qu’est ce que cela m’apporte ? En quoi est-ce que le fait de supprimer les réseaux sociaux est une décision salutaire ?
Du temps. J’ai gagné beaucoup de temps, que j’ai consacré au sport, à la musique, à la lecture, au travail, à mes pensées intérieures aussi. Ouvrir Instagram ou Twitter, c’est facile, et à juste titre, ça fait passer le temps. Si vous souhaitez vous séparer des réseaux sociaux, il faudra vous pousser à vous occuper sans eux. Quels sont vos centres d’intérêts ? Qu’aimez-vous faire que vous pourriez faire sur ce temps libre ? Si la réponse est “rien” alors ça va être compliqué, mais je n’y crois pas. Je fais du basket et de la guitare depuis longtemps: j’ai donc cerné 2 autres « passe-temps » qui me faisaient du bien, qui me faisaient plaisir et qui avaient un véritable intérêt. La combinaison art et sport offre de vastes possibilités que je conseille. Trouvez des activités tangibles au sens “réelles”, avec un intérêt évident, certain, concret.
Apprendre à lever la tête, marcher, attendre, manger, m’ennuyer sans réseaux sociaux. J’ai la sensation d’être plus ancrée dans le monde réel. J’ai davantage apprécié échanger avec les gens. Se séparer du bruit des réseaux sociaux permet de se concentrer pleinement sur la réalité. Déconnecter avec Internet m’a permis de reconnecter avec moi-même. Le fait de ne plus avoir d’identité numérique m’a poussé à réfléchir plus profondément sur ce qui faisait ma personnalité. Plus seulement à travers mon fil d’actualité ou mes publications enregistrées : cette petite bulle “spéciale moi” qui s’avère en fait assez superficielle (bien que super cool j’en conviens). J’ai croisé peu de monde sur Internet mais beaucoup plus dans la vraie vie.
J’ai enfin constaté que le téléphone dans son ensemble n’était pas un élément indispensable. Utile bien évidemment ! Mais qui ne nécessitait pas d’avoir un rôle premier dans ma vie. Sans les réseaux sociaux, mon téléphone est revenu à un état plus “primitif” : appels, messages, photo, musique (et Pronote) et je suis très largement moins dessus.
Cela paraît contre intuitif mais, en m’imposant des contraintes, j’ai découvert plus de possibilités et de libertés. Je me sens définitivement plus libre. En fait, j’ai supprimé les réseaux sociaux et… tout s’est vraiment très bien passé.
Le téléphone et les réseaux sociaux sont une véritable révolution, à laquelle j’accorde, évidemment, beaucoup de points positifs. Mais il ne faut pas perdre de vue que le monde virtuel ne doit pas remplacer le réel.
Sacha S.