Notre séjour se poursuit dans le Kansai, à Kyoto. Nous arrivons sous une légère pluie en Shinkansen et commençons nos visites par le château Nijo où l’époque Edo a commencé et s’est achevée. Le sol en parquet chante sous nos pieds comme un léger pepiement d’oiseau afin de protéger le shogun de l’éventuelle intrusion de ninjas. Nous avons bien sûr laissé nos chaussures à l’entrée et nos arpentons les lieux en chaussons. De magnifiques salles possèdent des panneaux coulissants représentant des saules, des tigres sur un fond d’or. Dans la salle de réception, le shogun, surélevé sur un tatamis supplémentaire, reçoit en majesté encadré par la représentation derrière lui d’un pin se tordant sur l’or du ciel. Dans le jardin, les ume, pruniers, sont en fleurs…
Pleins de spiritualité, nous partons assister à une cérémonie du thé : rentrant par une petite porte dans une salle de quatre tatamis et demis, les élèves doivent s’agenouiller, saluent le sensei, mangent un mochi pour la note sucrée pendant que la maîtresse de cérémonie prépare le thé. Chacun à leur tour, les élèves prennent ensuite leur bol, le tournent ensuite deux fois pour que le motif ne soit plus face à eux, en signe d’humilité, disent « o saki ni » (moi avant toi), ce à quoi le suivant répond dozo (je t’en prie). On s’adresse ensuite au sensei pour le remercier (itadakimasu) et on boit, en faisant du bruit pour aspirer la mousse à la fin, ce qui est très poli et apprécié du sensei, car cela prouve que le thé était bon. La salle est ornée d’un kakémono sur lequel il est écrit « ume no hana Yuki no ura » : la fleur de prunier pointe derrière la neige. Un ikebana est composé de tsubaki, camélias, et une petite porcelaine signale que de l’encens a été brûlé. Tous ces éléments font partie des apprêts de la cérémonie, changés tous les jours et choisis spécialement par le sensei à l’intention de ses invités.
Restant dans la spiritualité, nous avons enfin gagné le sanctuaire de Kiyomizu dera, temple de l’eau pure. Sur les hauteurs de Kyoto, ce site vénérable nous accueille d’abord dans les brumes, avant que l’entrée ne s’ouvre entre deux pruniers rose et blanc en fleurs. Le sanctuaire est avant tout bouddhiste, mais présente aussi quelques éléments shintoïstes comme le sentier de l’amour, dans un syncrétisme très étonnant. Il est difficile d’exprimer la majesté du lieu. Il faut se promener ainsi, à la hauteur des frondaisons, accomplir les purifications, goûter la fraîcheur de l’air et l’odeur de terre mouillée et d’encens pour se le représenter.
Après tant de promenades nourrissantes pour l’esprit, il fallait contenter les estomacs : dans le centre de Kyoto nous avons donc tous abusé du buffet illimité auquel nous étions invités. L’occasion de goûter toutes les spécialités japonaises que l’on n’ose pas toujours commander au restaurant, tempuras, sushis, udons, tofu, gyozas, croquettes… De quoi bien dormir!